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Mémoires d'un chasseur |
Histoire par Tyrold - dernière mise à jour le 15/04/05 |
Mon premier familier – Domptage Mon premier familier – Dressage Ironforge
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| Des souvenirs éparses de ma vie de chasseur, racontés au coin du feu en compagnie de mon fidèle Paluche. |
| Mon premier familier – Domptage | Domptage
Après mes classes de chasseur, où j’avais appris à manier un fusil, arme chère à ma race, une épreuve m’attendait maintenant, la plus importance, la plus angoissante et stimulante. Rater ce passage, c’était passer à côté du rite finale de mon métier, car un chasseur sans compagnon d’aventure, n’était pas un vrai chasseur. Mon maître de Kharanos, Grif, m’attendait sur le haut de son habituel monticule, là où il avait déjà enseigné à mon père. Il se lissait les moustaches tombantes en me regardant approcher, un petit sourire au coin des lèvres, il savait pourquoi je venais aujourd’hui. - Tyrold, tu te sens prêt ? - Je l’espère … non j’en suis sûr, je veux terminer ma formation - Alors je vais t’apprendre à dompter une bête, assieds toi à mes côtés et écoutes.
Il me parla pendant des heures, et j’enregistrais avidement toutes ses informations, ses techniques, ses astuces, tous les conseils qu’il me prodiguait pour dresser un animal. Je sentais une tension monter, qui palpitait au son de sa voix, qui enflait à mesure que je voyais Le moment approcher. Et son discours pris fin… Et j’étais au comble de l’excitation, tel le jeune nain que je suis, je voulais mon animal, et je le voulais maintenant ! - Calmes toi petit, plonges toi la tête dans la neige, tu vas avoir besoin de toute ta concentration. - Je peux y aller ? Je veux mettre en application vos conseils ? Posant sa main sur mon épaule, il me força à regarder autour de moi. - Respire un grand coup et admires cette vallée, celle où les pères de nos pères sont nés, ressent l’esprit de ces nains illustres, qui bien avant toi aujourd’hui, communiaient avec cette nature et ses animaux. Inspires toi de leur sagesse, et adresses leur une prière avant tes actions prochaines. Et n’oublies jamais… respectes ton futur compagnon, si tu veux qu’il te respecte lui aussi. Il m’avait calmé, c’était ce dont j’avais besoin. Serrant mon espingole dans mes mains pour me donner du courage, je lui adressais un signe de tête et m’éloignais, sur ce dernier conseil simple. - Tu trouveras des léopards des neiges pas trop sauvages juste au sud-est du village, je te conseille de te faire la main là bas. Ils sont assez habitués à nous pour se laisser approcher. Ce sont d’excellents chasseurs même s’ils sont très caractériels. Vas, et montre toi digne de mon apprentissage !
Tournant le dos à l’imposant mur de briques et de pierres formant l’impressionnante architecture qu’est Ironforge, sentant le poids de son ombre sur mes épaules, je m’éloignais dans la direction préconisée, sans omettre en un murmure d’adresser un merci à maître Grif. … Et une prière à mon père. Je voulais qu’il soit fier de moi. Il avait réussi, j’en ferai autant.
Ce souvenir remonte à la surface. Mon frère et moi assis sur la rêche peau d’ours devant la cheminée, ma sœur dans ses langes dans le recoin le plus silencieux de la maison, et mon père dans son rocking-chair, expulsant quelques nuages de fumée de sa pipe richement gravée. On pouvait entendre mère couper des bûches à l’arrière de la cabane. Dans cette ambiance feutrée, père commençait toujours par nous montrer son avant bras droit, avec ses trois énormes cicatrices rendues encore plus inquiétantes sous la lumière du feu crépitant. Sa voix grave résonnait alors, pour entamer notre histoire favorite : - Le grand IceClaw ! Mon premier familier, et mon combat le plus difficile. 2 heures de persuasion acharnée, et une vie en sa compagnie. Ce grand ours m’aura marqué, dans l’âme, le cœur, et sur l’avant-bras bien sûr. Ce frère d’aventures a fait ce que je suis aujourd’hui, un chasseur reconnu et respecté. Il m’a accompagné par delà tout Azeroth, m’a sauvé un nombre incalculable de fois, et continue de veiller encore sur vous. Rendez lui hommage. Nous donnions alors une petite tape amicale à cette énorme gueule empaillée qui trônait le bout de cette pelure sur laquelle nous étions vautrés, et écoutions la suite de l’histoire.
Histoire que je connais par cœur tant elle nous fut répétée, car nous n’avions cesse de lui redemander, et il adorait s’exécuter, dans un mélange de nostalgie et de fierté, mais toujours avec un pieux respect pour Grognon, son grand ours.
Respect.
A peine 200 mètres du village, et la nature reprenait ses droits. Quelques grands sapins décharnés se partageaient les vastes plaines ondulées, protégeant sous leur ombre immense des pieds de feuillargent, et des touffes d’herbes rarissimes, dont l’espérance de vie dépendait principalement de la fringale des sangliers des rochers alentours.
Je sondais mentalement l’aura d’un de ces grands cochons sombres aux défenses redoutables, ressentant sa force et son énergie vitale. J’avais souvent effectué cette reconnaissance, cherchant à en apprendre le plus possible sur toutes ces créatures, car je savais qu’un jour je passerai à l’étape suivante : le domptage. Le sanglier était un animal idéal pour s’améliorer, car pacifique de nature, il se laissait approcher de très près. Celui en face de moi, creusant du groin un trou dans la neige, devait avoir dans les 7 ans et peser facilement 500 livres. Bien dressé, il pouvait être un combattant redoutable, surtout avec sa charge qui pouvait assommer ou renverser.
Mais ce n’était pas lui qui m’intéressais ici. Mon objectif était en train de courir un peu plus loin au pied de la montagne, imprimant dans la neige les marques caractéristiques du félin. Sa peau ressortait à peine dans cet univers blanc, ne serait-ce les tâches noires sur son dos, il serait passé inaperçu. Mais je ne risquais pas de le rater. Je le convoitais depuis des années, je le connaissais comme moi-même, je savais comment il se déplaçait, où il dormait, ce qu’il mangeait, comment il chassait ses proies. Et là maintenant, c’était moi qui le chassait.
J’en tremblais ! Je savais que je n’y arriverais pas dans cet état d’excitation. Constatant une veine de cuivre non loin, je sortis ma pioche et alla en extraire quelques pierres. L’opération me prit plusieurs minutes, au moins pendant ce temps là, je ne réfléchissais pas. La chance était avec moi, cette veine était riche et recelais une surprise, un œil de tigre, une pierre verte translucide assez rare. C’était peut-être un signe … un œil de tigre ! Je l’enfournais bien précieusement au fond de ma poche. Oui c’était un signe, aucun doute !
Léopard des neiges, me voilà ! En m’approchant en douceur, dans le sens contraire du vent, je répétais ma leçon : « se positionner à 30 mètres, se concentrer, capter l’esprit de l’anim… ». Mince il venait de me repérer et fonçait sur moi à vive allure. Complètement affolé, je tentais une concentration en voyant cette gueule aux crocs aiguisés se rapprocher. Je ne sentais pas le lien venir, impossible, calmes toi, trop peur, vide, raté ! Il ne me restait qu’à peine le temps de tourner les talons et de sauver ma vie. On a beau être nain, même si les grandes jambes d’humains se moquent parfois, on est capable de sprinter tout aussi rapidement, surtout avec un fauve affamé aux trousses. Heureusement le village n’était pas loin, et la proximité de la civilisation fit vite arrêter la poursuite et rebrousser chemin à l’animal. Ouf, j’en étais quitte pour un bas de cape en moins, mais mère n’était plus la pour les réprimandes. Dommage d’ailleurs, cela me coûterait une fortune en reprisage.
J’avais bien pris garde de ne pas aller en direction de Grif, je ne tenais pas à ce que mon maître me voit en telle posture. J’avais ma fierté. Je ne reparaîtrais devant lui qu’avec un léopard pour familier. Par nature le nain est têtu, et de caractère, j’étais têtu. C’était donc maintenant Ce léopard qu’il me fallait, cette boule de poils qui détenait le bas de ma cape entre ses griffes, c’était lui et aucun autre qui serait dompté ! J’allais lui montrer de quel bois je me chauffe ! J’allais lui montrer qui était le nain ici !
Je suivais les traces dans la neige, il n’était pas allé bien loin… il m’attendait. La tête baissée, les oreilles pointées vers l’arrière, la queue battante, il me regardait. Un lien était-il passé pendant ma tentative, nos pensées s’étaient-elles échangées furtivement, toujours est-il qu’il semblait connaître mes intentions. - C’est donc un duel que tu veux ?! Etait-ce pour le provoquer, ou pour me rassurer, je ne savais pourquoi je venais de lui parler. Et pourquoi je continuais. - Tu ne m’auras pas cette fois ! Je vais te montrer qui est le maître. J’étais en train de l’exorciser. Cette créature n’était qu’un simple léopard, un gros chat blanc, je pouvais le dompter !
Je fis un pas en avant, il ne bougea pas. Encore un autre, et il me laissa faire. La distance me semblait correcte pour établir le lien, c’était le moment ou jamais. Je levai la main, paume verticale en avant, comme j’avais souvent vu faire mes aînés et me concentrais. Je tatillonnais, cherchant à pousser mon esprit vers lui, cherchant à entrer dans sa tête. Ses pensées étaient proches, je commençais à percevoir le mince fil de son esprit, et lui venait de ressentir le mien. Il me fonçait dessus ! Calme, calme, concentres toi. Une onde brute me percuta, je le sentais, un lien se créait entre nous deux, ses pensées affluaient dans mon crâne « Arrêter ! Se défendre ! Ennemi ! », je le comprenais ! Dans une langue qui m’était inconnue, je lui répondais alors « doux ! ami ! paix », et je savais qu’il entendait. Les quelques mètres qui nous séparaient encore étaient les derniers moments que j’avais pour le convaincre. Je répétais mon message avec le plus de calme et de conviction possible, je fermais les yeux, essayais de ne pas perdre ce lien, de le maintenir pour continuer de lui parler, de ne pas me crisper, de ne pas douter, il ne devait pas sentir ma peur, mes doutes, il devait avoir confiance « confiance ! confiance ! ». Le crissement de ses pattes sur la neige, le souffle de sa course, il était sur moi. Je répétais de plus en plus vite « confiance ! ami ! », prêt à sentir la déchirure de ses griffes sur ma peau, qui romprait le charme présent. Il était là… Et puis le silence…
S’éleva alors un grondement qui me semblait un râle interrogatif. Je n’osais ouvrir les yeux. Je n’avais pas senti la douleur, et étrangement, le lien était toujours présent, mais plus tangible, presque plus chaud. Je ne trouvais pas d’autres qualificatif à ce sentiment étrange. Mais je savais, il était là, avec moi. J’ouvris les yeux, et ne vis rien au début que des lumières roses et blanches. J’avais contracté mes paupières, crispé mes muscles, ce n’était que maintenant que je me rendais compte de l’effort effectué, de l’énergie dépensée pendant ces dernières secondes. J’étais vidé !
Sans savoir comment, j’étais assis les fesses dans la neige. Mais surtout, j’avais face à moi, à peine à 50 centimètres de mon visage, un léopard blanc qui me regardait. Une grande gueule aux yeux verts profonds, deux crocs de la longueur d’une dague, des petites taches noires jusqu’au bout du nez, les oreilles aux aguets … il semblait attendre, et chercher à comprendre, tout comme moi. Je sentais son haleine chaude sur mon visage.
- Mraow … faim !
Je mis quelques instants à réagir, il venait de me parler !
- Faim … faim !
Mon dieu, j’en oubliais tout mon apprentissage de base ! Après un domptage réussit, la première chose à faire était de nourrir le familier, pour le rendre plus docile. Je déballais un morceau de viande séchée que m’avait donné Grif et le tendis à l’affamé, qui le happa d’un coup de tête rapide et précis.
Je n’en revenais pas, j’avais réussi ! J’avais un familier !
- Faim … encore … faim !
Houla, il allait vite falloir se mettre en chasse et tuer quelques sangliers pour nourrir le monstre. Et puis lui trouver un nom. Et le dresser. Et … plein de belles aventures à venir avec un nouveau compagnon. Mon esprit commençait à divaguer, à rêver de …
- Faim … vite !
Un ventre à pattes ! J’avais dompté un estomac ambulant. Grif avait raison de m’avoir prévenu du caractère difficile des félins, celui était prometteur … dans tous les sens du terme.
- Mraow … faim !
Présent
- C’était pareil pour moi ? - Ho non, toi Paluche, c’était une vrai partie de plaisir. Tu étais en train de courir après un papillon, tu ne m’as même pas vu venir. - Graoo je suis un fauve, un vrai moi ! - Oui oui bien sûr, je ne dis pas le contraire, mais tu es un fauve … un peu différent. Si je me souviens bien, je crois même que c’était le papillon qui avait gagné. - Vilain nain ! - Cela te dirait un gras filet de barracuda légèrement salé et fumé au soleil ? - Tu triches, mon maître adoré. C’était qui alors ce frère des neiges ? |
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| Mon premier familier – Dressage | Dressage
Mraow, c’est ainsi que je l’avais nommé. Il m’avait fallut abattre 6 sangliers avant de commencer seulement à rassasier son estomac. Un véritable gouffre. Une fois que je le sentis en de meilleures dispositions à mon égard, je commençai mes tentatives de dressages par les règles de base : suivre, rester. - Tu restes là et tu ne bouges pas ! Je faisais plusieurs pas en avant, et Mraow me suivait avec nonchalance. - Je t’ai dis de ne pas bouger ! Restes où tu es ! - Pourquoi ? - Parce que je te l’ai demandé ! - Pourquoi ? - Ben parce que je le veux ! - Pourquoi ? - Parce que je suis ton maître !! - Mrrrrrrrr…. Pas maître … Partir. L’animal faisait demi-tour et commençais à s’éloigner. - Mais où tu vas ! Reviens ! - Partir ! Mauvais maître. Mmm il fallait changer de technique. - Bien pas de problèmes, pars donc au loin, je te l’ordonne ! - Pas besoin ordre. Partir. Fichu caractère … et fichu maître. Je voulais déjà jouer le grand chasseur tout puissant, et j’en oubliais les bases : le respect ! - J’essaie d’apprendre à te connaître, nous allons chasser ensembles, explorer ensembles, mais il faut que nous nous connaissions mieux, que nous sachions comment nous comporter en toutes circonstances, Ne me considère pas comme ton maître, mais comme ton guide, comme le meneur du groupe qui sait quand et comment il faut s’organiser pour atteindre nos objectifs. Si je te demande de me suivre, ou de rester là, c’est qu’il y a des raisons et il te faudra me faire confiance. Toi aussi tu apprendras à me connaître. Tu veux encore un peu de sanglier ? L’animal s’arrêta, tourna la tête et me regarda, semblant me jauger quelques instants, puis fit demi-tour et s’approcha de moi. - Pas comprendre tout. Revenir pour sanglier.
Je lui expliquais alors patiemment les règles d’une chasse, les comportements que nous devions avoir selon les circonstances, pourquoi il ne devait pas se jeter sur le premier lapin qui passait, pourquoi il devait parfois me laisser combattre sans réagir. Je ne sais pas s’il comprenait tout, mais il faisait semblant, tout en dévorant nos derniers restes de sanglier.
Avisant une boule de poil blanche passant à portée, le moment était venu de tester mon dressage. - Attaques le lapin ! - Mroooo plus faim. - Mais c’est pas pour le manger, attaques le et ramènes le moi. - Trop mangé. Plus faim. Dormir. Mraow se posa sur une pierre chauffée par le soleil, et s’allongea. Quelques secondes plus tard, je l’entendais ronfler. C’était un animal, j’avais encore oublié cette notion. Il vivait, dormait, mangeait à son rythme. Mangeait surtout. Comme un chat. Je devais lui laisser les libertés nécessaires, je ne pouvais lui imposer des ordres contre nature, du moins pas si tôt dans l’enseignement.
J’étais en train de faire rapiécer ma cape auprès de la charmante aubergiste de Kharanos, nous discutions de tout et de rien, mais elle pouvait parler pendant des heures, cela me permettait de la regarder. Une belle naine, fortement charpentée, musclée et ronde, des joues pleines, couvertes d’un léger duvet sur lequel finissait de s’évaporer de la mousse de bière. Elle sentait le houblon et le cigare, adorait manger et cuisiner, et affrontait le sanglier à mains nues. Elle me battait même parfois au bras de fer. La naine de mes rêves. - C’est ça ton fauve féroce et gigantesque ? Me retournant, j’aperçu Mraow sur le pas de la porte, inspectant l’intérieur de la pièce, humant les saveurs issues des fourneaux. Le soleil commençait à disparaître derrière la cime des sapins, l’animal avait dormi toute l’après-midi. - Non non, lui c’est mon nouveau familier. Celui que j’ai combattu ce matin était deux fois plus gros, il ne passerait même pas par cette porte. - Toi mentir. - Bon j’ai un dressage à finir, merci pour la cape, je reviendrais pour les finitions un peu plus tard. Je fis volte-face, me précipitant vers la sortie, attrapant au passage Mraow par la peau du coup pour l’entraîner avec moi. Une fois dehors, je repassai la tête par la porte pour un dernier regarde vers la belle. - Et gardes moi une part de cette très odorante tourte aux tripes et champignons. Tu sais combien j’apprécie ta cuisine. - Je sais je sais, n’oublies pas de payer, tu me dois encore l’ardoise de la semaine dernière. Charmante, vraiment charmante. - Oui oui bien sûr, je vais de ce pas tuer un grand ours et je vendrais sa peau. - Toi mentir encore. - Tu apprendras qu’il faut mentir pour attirer une femme. Même si l’intérieur n’est pas d’or, l’emballage doit flatter. - Toi pas flatter, toi juste mentir.
- Et maintenant manger ? - Déjà ?! Mais tu viens à peine de finir ta digestion. Non nous continuons un peu l’apprentissage. Suis-moi. Nous nous éloignâmes du village par le nord, jusqu’à la ronde plaine du dépôt de Steelgrill, où les gnomes ingénieurs travaillaient leurs montures. Ils s’affairaient avec agitation, avec des gestes vifs et précis, tournant et vissant, tout en chantant des couplets aux refrains entraînants.
« Ho ho un boulon qui vibre et chavire Donnons vite un coup de clé à molette Un clou qui tressaute et qui tente de fuir Toc un précis coup de marteau sur la tête
Ho ho une vis qui penche et qui balance Serrons vite cet écrou tournons le à bloc Un moteur qui tousse et qui fait toctoc Plop de l’huile et repart la cadence
Tout le monde à son ajusteur gyromatique ? Allumez le recombulateur Activez son défibrillateur Déclenchez la mécanique .. et roulent les zygomatiques ! »
- Mroo mraao mroo mraoaow - Qu’est-ce que tu fais ? - Chanter.
Laissant les gnomes à leurs activités, je ramassais une tête de lapin dans la neige et la lançait au loin. Mraow regardait les montures mécaniques. - Grosses cotcot - Très grosses, pourquoi tu n’en attaques pas une ? - Pas sentir cotcot normales - Et alors, tu as peur d’une grosse poule ? - Pas attaquer cotcot malades. Nain idiot. Lui montrant la tête de lapin qui avait roulée au pied d’un arbre. - Vas me chercher la tête là bas. - Pourquoi ? Lapin déjà mort. - C’est pour jouer, je lance la tête et tu la rapportes. - Jeu idiot. Mraow pas chien. - Mais c’est pour apprendre à chasser ensembles voyons ! - Pas chasser animal mort. Animal mort pas fuir. Nain idiot. Il commençait à faire des phrases plus complexes, c’était toujours ça de gagné.
Présent
- C’était pas une partie de plaisir le Mraow on dirait. Heureusement, moi je suis beaucoup plus intelligent n’est-ce pas ? - Toi tu avais ramené le lapin mort du premier coup… Levant la tête vers moi, un sourire presque dessiné sur la gueule. - Tu vois, plus intelligent. |
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| Ironforge | Ironforge
Mraow était une forte tête, un familier comme on en fait plus, un félin rusé et roublard, qui n’obéissait que si l’ordre avait un intérêt pour sa propre logique. J’appris donc à faire avec, dormant quand il dormait, chassant quand il avait faim, et lui courant après quand il avait décidé de se faire la malle. L’animal ayant été surpris par deux fois à dévaster les cuisines de l’auberge, on m’avait gentiment fait comprendre que je n’étais plus le bienvenu au village. De toute manière, ma belle serveuse avait trouvé un autre emploi au quartier des nains de Stormwind, il n’y avait donc plus rien qui me retenait à Kharanos. Tannok, son remplaçant, était tout aussi barbu, mais n’était pas aussi amical à mon égard. Il faut dire que Mraow s’était un matin soulagé dans ses bottes. Et c’est persistant, l’urine de léopard ! Je serrais la sangle de mon sac à dos et jetais un dernier coup d'œil à ma chambre au sous-sol de la distillerie. Un bon lit dur près d’une cheminée, quelques rangements creusés à même la pierre, une tête de sanglier au mur, et une simple table en bois. J’empochais les restes de pain qui y traînaient et quittais les lieux. Je regretterais l’excellente odeur de l’alcool vieillissant dans les fûts près de ma chambre. Comme à son habitude, Mraow m’attendait à côté du petit pont sur la rivière gelée, tranquillement allongé à côté des restes de quelques sangliers qui avaient commis l’erreur de croiser son estomac. - Chasser ? Je ne refusais en général jamais une telle proposition, mais il me fallait avant tout dégoter un logement. L’idée de rejoindre la naine à Stormwind m’effleurait, mais j’étais attaché à cette région enneigée, à ces pics blancs et ces visages bourrus rougis par le froid. Non mes pas me portaient ailleurs, non loin en fait … à la capitale : Ironforge. Au pied du chemin qui serpentait dans la montagne, vers la ville de mes ancêtres, je restais un moment à contempler la majesté de ces vieilles pierres surplombant Dun Morogh. Bâtisse qui faisait honneur à mon peuple. Des griffons passaient au dessus de nos têtes pendant qu’une foule toujours aussi nombreuse escaladait la pente, avec cette fois ci, moi en sa compagnie. Mraow était parti en avant découvrir les lieux, et revenait vers moi en trottinant, nullement inquiété par l’agitation ambiante. - Nains partout. Plein. De nombreux gardes protégeaient la forteresse, surveillant les passants et les orientant à la demande. J’avais peur qu’ils m’interdisent l’entrée avec mon familier, mais de nombreux chasseurs franchissaient la lourde porte sans être inquiétés. Je fis de même et m’arrêtais quelques instant pour contempler l’impressionnante statue du nain qui gardait les couloirs. - Lui grand nain. Toi petit nain. Que répondre à une telle évidence, et Mraow ne savait pas si bien dire. Ce grand nain était le fameux roi Magni Bronzebeard, qu’on surnommait le roi sous la montagne. En comparaison, j’étais forcément un petit nain. Mais je ne pouvais que grandir, peut être un jour aurais-je ma statue quelque part. - Toi petit nain. Toi petite statue. Cet animal avait une logique implacable Un souffle d’air chaud m’ébouriffa la barbe lorsque je passais le couloir pour entrer dans la ville. Ironforge était creusée à même la montagne, sur un lac de lave qui chauffait la pierre et qui fournissait matière indispensable au travail favoris des nains : la forge. Le centre même de la ville était une forge géante où on fondait le métal à même la lave avant de le travailler sur la grande enclume, il y régnait une atmosphère étouffante, et une activité incessante. Nous étions nombreux à simplement aller admirer nos artisans battre le fer et donner forme à des armes et armures d’exception. Les forgerons d’Ironforge étaient les meilleurs d’Azeroth, ils étaient capables de travailler toutes les matières, du classique mais coûteux mithril, en passant par l’argent, jusqu’aux très rares écailles de dragon. Une pièce estampillée par les maîtres Ironus ou Grumnus était gage de qualité et valait son pesant d’or. Je demandais à un garde l’auberge la plus proche, et il m’indiqua la taverne Stonefire. L’intérieur était bondé, et comme je le pressentais, l’auberge était complète. De toute manière, j’étais loin d’avoir les moyens de résider en permanence dans un tel endroit. Heureusement, je me souvenais de Jondor, un vieil ami de mon père, qui avait bien voulu me louer à prix modique une de ses chambres au dessus du centre des visiteurs, la maison des guildes et confréries. L’endroit était idéal, proche de l’entrée, à deux pas de la banque et de la poste, et non loin de mes maîtres chasseurs. Le seul inconvénient, c’était le bruit. Il y avait juste à côté le centre des commissaires-priseurs, avec des enchères qui tournaient nuit et jour et qui attiraient toujours une foule considérable d’acheteurs et vendeurs. On pouvait entendre les gens hurler leurs offres, leurs prix, se houspiller, parfois même se provoquer en duel. Sans parler de la grande place devant la banque qui était le point de rencontre de la capitale. D’ici partaient toutes les expéditions à destination du monde entier, et les bruits de sabots résonnaient souvent jusqu’aux premières lueurs de l’aube. Ajoutez à cela notre voisin, un nain insomniaque et tailleur de pierre, qui se relevait en plein milieu de la nuit pour taper, et taper, et taper encore. Il faisait peut être cela pour se détendre, mais en tout cas, moi cela me stressais. Mes balades nocturnes étaient donc courantes, je m’évadais de la folie de la ville pour aller chasser en compagnie de Mraow, dont c’était l’heure fétiche. C’étaient les rares moments où il était véritablement à l’écoute et docile. J’en profitais donc pour continuer son dressage.
Cachés sous les arbres, nous regardions traverser un ours brun sur le lac glacial. - Tu vois ce grand ours, c’est un IceClaw, le même familier que celui de mon père. Chhhh ne fais pas de bruit. - Lui déjà savoir nous là. - Ah ? Bon de toute manière je ne comptais pas l’attaquer. Je veux t’entraîner au coup de griffe, une spécialité des ours. Mraow me regarda d’un air étrange, comme si je le prenais pour un elfe. - Moi déjà griffe. Nain idiot. - Je sais bien que tu as des griffes, il s’agît ici de les utiliser d’une manière un peu différente. Toi tu chasses seul et pour manger, là nous allons chasser ensembles, et pour tuer. Il s’agit donc d’être rapide, précis et coordonnés. - Pas attendu nain pour chasser. - Evidemment, mais tu n’as jamais chassé avec un nain. Toi tu traques ta cible, en douceur, jusqu’à la surprendre. Je ne suis pas un félin, je ne peux pas arriver discrètement derrière un animal sans me faire repérer. - Toi enlever sabots. - De même je ne suis pas aussi agile que toi, face à un animal sauvage, je ne suis pas capable d’éviter ses coups ni de le semer. - Toi enlever armure. - Tu as déjà combattu tout nu les pieds dans la neige toi ?! Mmmm non tu ne peux pas comprendre. Bon tu dois donc maintenir la cible loin de moi, la ralentir, faire en sorte qu’elle ne m’atteigne pas. - Nain lâche ? - Non, mais je combats avec un fusil, je tire à distance. - Nain lâche ! - Si tu veux, le principal c’est que tu comprennes que tu dois garder l’attention de l’animal. Il y a plusieurs techniques pour cela, dont celle du grondement que nous verrons par la suite. Pour l’instant, tu dois user habilement de tes griffes pour épuiser la cible. Tu tailles ici et là, au niveau des tendons, des muscles des pattes. Ne cherches pas à tuer, je le fais, cherches à ralentir. Je n’ai besoin que de deux ou trois coups de fusils bien placés pour en finir. - Moi chercher jugulaire. - Sur un sanglier je suis d’accord, mais sur un ours, ou même contre un humanoïde en armure ? Comment tu fais ? - Pas attaquer humanoïde. Viande molle. - Et oui, mais tu es avec moi maintenant, tu es le familier d’un fier nain de l’Alliance. Et nous sommes en guerre, il te faudra donc combattre des orcs, des trolls et de nombreuses créatures autrement plus dangereuses. Tu as déjà vu un dragon ? - Dragon ? - Ah ah ! Et bien quand tu verras un dragon, nous reparlerons de ta manière de chasser la jugulaire. Tu feras moins le malin à ce moment là ! - Toi déjà vu dragon ? - Heu… non pas encore. - Alors nain idiot.
Présent
- Hé hé moi j’en ai vu plein des dragons. - Une bien belle créature qui impose le respect. - Fallait me voir les griffer et les mordre. Un vrai fauve terrible et féroce. - Paluche ? - Mroui ? - T’as oublié la première fois où tu as vu un dragon on dirait, faut il que je te rafraîchisse la mémoire ? - … - Ah ah ah… tu avais mouillé ta fourrure. - Mon bon maître adoré, tu oublies une petite chose on dirait. - Quoi ? - Toi aussi. - …
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